À la maternité, un couple arrive en même temps que nous. Au troisième étage, on comprend vite qu'il y a beaucoup d'activité cette nuit là. Il doit être 4h30. On nous fait patienter une vingtaine de minutes avant de nous faire entrer dans la même salle d'examen que celle où j'étais venue quelques heures plus tôt. L'autre couple attend. La nana a perdu les eaux il y a deux heures mais a très peu de contractions (j'apprendrai par la suite qu'elle a accouché à 15h30 par césarienne).
La sage femme m'examine : mon col est ouvert à trois doigts. On est soulagés avec mon homme, les contractions sont bien efficaces, il s'agit bien du vrai travail! Mon homme fait le calcul : 1 cm par heure, Joséphine devrait donc être avec nous vers midi. La sage femme me dit qu'on va bientôt pouvoir me poser la péridurale. Je lui dis que je n'en veux pas. Elle a l'air étonné mais me dit qu'elle fera tout son possible pour m'accompagner dans mon projet. Je suis soulagée, j'avais peur de tomber sur une sage femme réfractaire... Elle me dit que je vais avoir un monitoring de trente minutes et qu'on irait ensuite dans une salle de naissance où il y a une baignoire. Elle me place les capteurs pour le monitoring, Joséphine a maintenant le dos à gauche et toujours la tête en bas. Une fois les capteurs installés, je me rends très vite compte que je ne peux pas gérer les contractions allongée sur le dos. Je soulève mes fesses et me tords à chaque contraction. Je n'arrive pas à me concentrer sur ma respiration et je commence à me crisper.
Une étudiante vient pour me poser un cathéter. ça m'ennuie de l'avoir tout de suite. Je la sens débutante et stressée et je n'aime pas ça. La sage femme est sortie, il y a d'autres personnes à gérer. Je ne regarde pas la pose du cathéter mais je sens que ça foire et que du sang gicle. Mon homme ne se sent pas bien à la vue du sang, je lui dis de manger quelque chose. J'ai toujours beaucoup de difficultés à gérer les contractions sur le dos. Je remarque que le monitoring n'enregistre plus les contractions, les capteurs ont dû glisser. Je voudrais changer de position, je commence à m'énerver. Je n'y arriverai jamais si je ne peux pas me mettre dans la position que je veux. L'étudiante va chercher la sage femme. Elle me dit qu'il faut refaire un monitoring car il n'y a eu que 20 minutes d'enregistrement et il en faut 30. Je dis à la sage femme que je sens bébé bouger pour la rassurer, puisque le monitoring n'enregistre plus. Je lui dis que je ne peux pas gérer les contractions sur le dos, que je n'y arriverai pas. Elle me demande si je veux la péridurale. Je lui réponds un non ferme. Je n'hésite même pas. Je n'ai pas peur, j'arrive à gérer la douleur, je sais que je peux le faire et que je peux compter sur mon homme pour m'aider, mais j'ai besoin de changer de position. Je la sens un peu agacée. Je sais qu'elle est débordée et que je ne lui facilite pas la tâche. Juste à ce moment là, je perds les eaux. Il est 6h00. C'est chaud et ça n'arrête pas de couler. Je suis toute étonnée, c'est une drôle de sensation. Quelques minutes plus tard, je me sens nauséeuse et je vomis à nouveau. La sage femme me demande dans quelle position je souhaite me mettre. Je lui dis que je veux être debout, les bras appuyés sur la table d'examen. Elle trouve ça bizarre mais accepte qu'on essaie dans cette position. J'ai droit à un slip filet et à une protection car le liquide coule toujours entre mes jambes. La sage femme repart et l'étudiante essaie désespérément de placer les capteurs sur mon ventre. Elle se met accroupie sous moi mais n'y arrive pas. La sage femme revient et place les capteurs. Elle y arrive rapidement. Je la remercie. Je gère beaucoup mieux la douleur en étant debout. Les contractions sont très fortes. J'apprécie le fait qu'il y ait un répit de quelques minutes entre chacune, qui permet de reprendre des forces. Mon homme me rappelle qu'il faut que j'inspire et expire plus longtemps, ça m'agace car je n'y arrive plus du tout.
Très vite, je sens que ça pousse en bas. On est seuls avec mon homme dans la salle d'examen, je ne sais pas si je dois me retenir ou non de pousser. Je dis à mon homme d'appeler la sage femme, elle arrive tout de suite. Je lui dis que bébé pousse. Elle me répond qu'on va en salle de naissance tout de suite. Je ne comprends pas trop ce qu'il se passe, il n'est que 6h30, ça ne peut pas être Joséphine qui arrive déjà! On n'ira pas dans la salle de naissance avec baignoire, pas le temps d'en profiter. Je dis à la sage femme que ça m'est égal, je n'ai pas envie d'accoucher dans une baignoire. Elle me dit qu'elle non plus!
Dans la salle de naissance, la sage femme m'examine. Je suis à 8 cm! Il ne s'est passé qu'une heure et demie depuis le dernier examen où j'étais à 3! Je sais maintenant que je n'aurai pas de péridurale et je suis contente : je vais le faire! Je commence à me déshabiller et à enfiler la première manche de la blouse (je n'aurai jamais le temps de mettre la deuxième) et je sens que ça pousse à nouveau. La sage femme me dit de pousser : ça me paraît bizarre puisque je ne suis pas encore à 10 cm mais je lui fais confiance. Encore une fois, la position sur le dos ne me convient pas. Elle me demande dans quelle position je souhaite accoucher. Je n'y avais pas réfléchi avant, je savais que je le déciderais le moment venu. Je lui dis que je veux me mettre sur le côté. Une seconde sage femme arrive et, à trois avec l'étudiante, elles installent rapidement les étriers de telle façon que ma jambe gauche est allongée et la jambe droite est pliée au dessus, en appui sur un étrier. La sage femme m'examine, je suis à dilatation complète. Je sens que ça pousse encore. Je pousse de toutes mes forces, tout le monde m'encourage. Mon homme est à ma gauche, penché sur moi. J'ai les bras autour de son cou. La deuxième sage femme est derrière lui et me tient les mains. Elle me dit de la repousser très fort. Je crie fort, j'ai une pensée pour les femmes dans les salles à côté (mon homme me dira plus tard que ce n'était pas si fort que ça)... Je dois déjà être à 5 ou 6 poussées et je ne comprends pas pourquoi Joséphine n'est pas déjà sortie, je pensais que ça irait plus vite que ça! Je lui parle et l'encourage, je sais que c'est dur pour elle aussi. Je trouve ça très dur de pousser, j'ai l'impression de ne pas y arriver. Je commence à craquer. La sage femme me parle fermement, me dit de me ressaisir, que je vais y arriver, que les poussées ne sont pas efficaces quand je bloque ma gorge en même temps, il faut que je pousse en bas. Mon homme me parle sans arrêt, je n'entends pas ce qu'il me dit mais sa voix me rassure. J'ai vraiment très mal quand je pousse. A un moment, j'ai l'impression que bébé remonte. Je le dis à la sage femme. Elle me rassure et me dit de continuer comme je fais, que je pousse bien maintenant. Puis vient une trêve, qui dure une vingtaine de secondes. Il ne se passe plus rien, je n'ai plus mal. Je sens que c'est mon corps qui m'accorde quelques secondes de repos pour reprendre des forces avant de terminer le travail. Une nouvelle envie de pousser arrive et la sage femme m'annonce enfin qu'elle voit les cheveux de Joséphine. A la poussée suivante, sa tête commence à sortir. La sage femme m'explique tout ce qu'elle voit, ça me motive. La tête est enfin sortie. Encore une poussée où je donne tout et je sens le corps de Joséphine glisser hors de moi, c'est une sensation incroyable. ça y est, elle est sur moi. Elle a plein de cheveux et est toute bleue. Je la tiens dans mes bras. Je m'inquiète auprès de la sage femme de ne pas l'entendre pleurer. Elle me répond qu'on lui laisse une minute pour se remettre de ses émotions. Quelques secondes après, on entend enfin son premier cri. Mon homme est à côté de moi. Il pleure. On s'embrasse et on se félicite. On est heureux, on a enfin notre bébé. Il coupe le cordon mais je n'y fais pas attention, trop occupée à contempler notre merveille.
Les suites (délivrances et points) ne sont pas agréables. J'ai droit à deux points pour une petite déchirure interne, je n'ai même pas eu d'épisiotomie! J'aimerai qu'on me laisse tranquille pour pouvoir profiter de notre fille. Quelques minutes plus tard, c'est terminé. On nous laissera deux heures dans la salle de naissance, Joséphine blottie contre moi, à essayer de réaliser que ça y est, on est enfin parents!
Et voilà pour le roman!!! Je garde un magnifique souvenir de mon accouchement, à tel point que j'aimerai le revivre. Tout s'est super bien déroulé du début à la fin. Je n'ai absolument pas vu le temps passer entre le début des contractions et le moment où Joséphine était avec nous. Mon accouchement a été très rapide et je me demande souvent si c'est parce que je n'ai pas eu de péridurale que Joséphine est arrivée si vite...
Je vous souhaite le même à toutes et avec une bonne préparation, je vous assure que c'est très faisable sans péri

Si ça vous intéresse, je vous donnerai les références des bouquins sympas sur le sujet.