C'est vrai qu'on n'est pas toutes égales face à la douleur. Mais j'ai remarqué en lisant des dizaines de récits d'accouchement que celles qui se sont préparées à accoucher sans péridurale ont moins mal que celles qui attendent la péridurale. Ma gynéco m'a confirmé l'avoir remarqué aussi. Les premières acceptent et accompagnent la douleur, alors que les autres lui résistent. Et ça change beaucoup de chose.
La préparation psychologique est donc importante. Mais, mis à part la tolérance de chacune à la douleur, il y a également la façon de gérer les contractions. L'utérus est un muscle et comme tout muscle, il a besoin d'oxygène, sinon il fait encore plus mal. Il est donc très important de bien respirer, de bien s'oxygéner. Non seulement pour que la douleur soit moins importante, mais aussi pour le bébé, puisque l'oxygène n'arrive plus pendant la contraction (donc il faut qu'il en récupère entre les contractions).
La position du bébé influe aussi sur la douleur. Par exemple, si le bébé a son dos contre le dos de la maman, les contractions sont vraiment très douloureuses (elles sont ressenties dans le dos principalement). Il faut alors se mettre à 4 pattes pour que, petit à petit, le bébé se retourne avec la gravité. Bouger, marcher, se lever, s'asseoir, faire des 8 avec le bassin, permet aussi que le bébé bouge dans le bassin, progresse et la douleur peut s'atténuer.
La position de la maman est aussi importante. Les contractions font deux fois plus mal si on est assise ou couchée. Moi je n'étais bien que debout ou accroupie. Il faut donc bouger, marcher, se baisser, s'étirer, bouger le bassin, bouger les jambes, même si les positions paraissent bizarres. Moi, au début, certaines positions me permettaient de ne plus avoir mal du tout, et elles changeaient tout le temps. La douleur est un guide qu'il faut suivre. Si une position fait mal, il faut un chercher une autre.
Malheureusement, les sages-femmes des maternités ne guident pas les mamans, ne leur expliquent rien. On est laissées seules avec notre douleur, à bouger comme on peut, dans la peur que cette douleur n'augmente et qu'on ne soit plus capable de la supporter. Puis on est harnachées à un lit avec la péridurale.
Enfin, l'état émotionnel joue un rôle énorme. Plus la maman se sent bien, détendue et en sécurité, plus son corps produit de l'ocytocine, qui va augmenter la fréquence et l'intensité des contractions. Plus le corps produit d'ocytocine, plus il produit de l'endorphine, qui est un anti douleur naturel, et qui va atténuer la douleur. En clair, plus on est détendue, plus les contractions s'intensifient et plus le corps produit de l'endorphine. Si on est stressée, le corps produit de l'adrénaline, la production d'ocytocine et d'endorphine diminue, le cercle vertueux se transforme en cercle vicieux, et ça risque de finir en intervention médicale.
Michel Odent explique également dans son livre "Le bébé est un mammifère" que l'intimité joue un rôle dans la longueur de l'accouchement. Une femme a besoin d'intimité et de lumières tamisées. Or, c'est exactement le contraire dans les maternités...
Bref, ce qu'il faut retenir, c'est que l'obstétrique moderne ne facilite pas les choses, au contraire, elle les complique... A nous de nous renseigner, de nous faire confiance et surtout de suivre notre instinct pour créer des conditions dans lesquelles nous nous sentons bien. Pour un premier accouchement, c'est difficile, on est stressées, on est dans l'inconnu, on n'ose pas. Mais pour un deuxième, c'est déjà plus facile. En tout cas, mon premier accouchement m'a permis de comprendre ce qui s'était "mal" passé et ce dont j'avais besoin. Et je l'appliquerai pour mon prochain, peu importe ce qu'en pensera le personnel médical. Après tout, c'est nous qui accouchons. Il faut clairement passer la main aux sages-femmes et gynécos si le bébé est en danger, mais si tout se passe bien, je pense que nous sommes capable d'accoucher seules, sans aucune intervention, avec le soutien du papa, d'une doula et/ou d'une sage femme libérale. Mais pour ça, il faut qu'on se fasse confiance et qu'on fasse confiance à notre bébé
