Mamange à la fête des mères (Suisse)
Posté : 14 mai 2017, 13:42
Aujourd'hui cela fait un an... hasard du calendrier (Suisse), nous sommes le jour de la fête des mères, Mais le suis-je vraiment? L ai-je été?
Le 14 mai 2016, à 1h18, je t ai mise au monde. Deux jours avant j entrais aux urgences suite à un petit saignement, une part de moi me disait que je devais exagérer... jusqu au verdicte; la poche des eaux, ta petite bulle, avait commencé à passer le col.
C est un premier choc. Je comprend que cela va mal mais pas encore à quel point. De plus les avis des différents soignants (parfois très positif et d autre fois franchement moins) me font vivre des montagnes russes d émotions durant cette journée et celle du lendemain.
Bien qu au départ je ne ressentais rien de physique, la nuit suivante est emprunte de douleurs difficilement descriptibles. J ai mal, mais je me tais... Politique de l autruche, souhait que tu ne doivent pas subir des effets secondaires de traitements antalgique, déni... je ne sais pas. Mais en effet, j apprendrais le lendemain que il n y a plus que de l'eau, tes pieds aussi ont passés le col.
La journée du 13 commence plutôt calmement (en dehors des douleurs), les examens s enchaînent mais, la encore, les soignants sont plutôt positifs... jusqu' en fin d après midi.
Les résultats tombent et quoi que j en dise, on ne me laissera pas le choix... Une chorioamionite s est déclarée et les résultats infectieux démontrent un risque important de septicémie pour moi... la provocation de l accouchement débute immédiatement.
L horreur commence alors, je sais que toi tu vas bien, je te sens bouger (même avec la péridurale) et c est l enfer.
Je pensais te donner la vie...mais je vais donner la mort car il est certain qu à 20 semaine et 2 jours, tu ne pourras pas t en sortir malgré toute ta force et ton énergie.
Pendant les heures qui suivent (parce que tu t accroches autant que tu le peux), je prierais pour que tu t endormes, pour que tu ne ressentes rien.
On nous pose des questions et nous parle de choses inimaginables...veux t on te voir à ta naissance?... l organisation des obsèques... le choix d un habit... l autopsie, les dons...
Finalement, je peux te prendre dans mes bras. Ton prénom, choisi quelques jours avant, t es donné. Que tu es belle mon Elysabeth. Tu as mon nez et la bouche de ton papa. Toute entière et si petite à la fois...
Puis les soignants t emportent, nous te reverrons à la chapelle puis quelques jours plus tard nous irons chercher tes cendres. C est ce qui nous reste de toi désormais, avec quelques images d échographie et un ou deux objets achetés en t attendant.
Il faudra faire face maintenant. La vie va devoir reprendre son court, sans toi dans nos bras ou dans mon ventre qui est dormait si vide. Tu ne sera que dans nos cœurs et nos esprits....Il va falloir se réveiller demain, subir, malgré toute leur bienveillance, les mots et paroles de nos proches qui sont souvent dépassés, qui ne savent pas quoi dire... après tout je les comprends, je ne sais pas ce que j ai envie d entendre. Il va falloir expliquer à mes enfants de cœur (les enfants de papa) qui avaient si hâte de te rencontrer...
Puis le temps passe, la douleur s atténue à peine... je n ai pas su te protéger.
J ai "pris l option" de t imaginer en petit ange gardien de notre famille. Tout ce que j espère, c est que tu sois bien où tu es.
Avec les habits choisis à ta naissance, il y avait deux petites peluches cousues dans le même tissus. L une d elle reste sous mon oreiller et je la prend le soir quelques minutes pour t adresser quelques mots. Ce rituel, j avais imaginé le faire jusqu à aujourd'hui. Je me disais que je me laissais cette année mais j avoue ne pas encore être prête... cela viendra peut être un jour.
Aujourd'hui, une petite âme est à nouveau en moi. Enceinte de 28 semaines, je subis un parcours compliqué. En effet, si lors de la première grossesse certains éléments n avaient pu être clairement identifié, il est certain que j ai un problème avec mon col. Apres un premier cerclage qui a lâché à 14 semaines, les contrôles réguliers démontrent une nouvelle diminution du col à 22 semaines.
Cette nouvelle nous fait l effet d une bombe...les choses ne peuvent elles donc pas de passer...normalement?
Apres 10 jours en lit strict, un second cerclage est fait inextremis (début d ouverture du col constaté en salle d op). Tout semble bien se passer et après 35 jours d hospitalisation je suis autorisée à me mobiliser partiellement mais finalement le second cerclage lâche également. Retour en lit strict à l hôpital depuis 3 jours avec une poche bombante...
Heureusement, il n y a pas d infection actuellement, mais le verdict semble clair, il y a peu de chance que nous échappions à une naissance prématurée. Chaque jour est ainsi un jour gagné, un petit pourcentage de plus que notre Eléanor naisse en bonne santé...et le reste.
Bien entendu les circonstances et les conséquences de mes deux grossesses ne sont pas les mêmes. Aujourd'hui la configuration est tout autre, bien que la prématurité ne sera pas un chemin facile
Reste qu en tout les cas, même si c est pour d excellentes raisons, je n ai jamais pensé que je passerais les un an de notre Elysabeth dans la chambre d hôpital qui m a hébergé l an dernier...
J ai pris l option d écrire ce témoignage aujourd'hui parce que j avais besoin de raconter notre histoire, de laisser cette emprunte quelque part, de rendre hommage à ce petit ange au moins par l écrit, n ayant pas trop d autres options depuis ce lit...
Merci à vous de m avoir lu et pardonnez mes fautes de français, cela n a jamais été mon fort.
Le 14 mai 2016, à 1h18, je t ai mise au monde. Deux jours avant j entrais aux urgences suite à un petit saignement, une part de moi me disait que je devais exagérer... jusqu au verdicte; la poche des eaux, ta petite bulle, avait commencé à passer le col.
C est un premier choc. Je comprend que cela va mal mais pas encore à quel point. De plus les avis des différents soignants (parfois très positif et d autre fois franchement moins) me font vivre des montagnes russes d émotions durant cette journée et celle du lendemain.
Bien qu au départ je ne ressentais rien de physique, la nuit suivante est emprunte de douleurs difficilement descriptibles. J ai mal, mais je me tais... Politique de l autruche, souhait que tu ne doivent pas subir des effets secondaires de traitements antalgique, déni... je ne sais pas. Mais en effet, j apprendrais le lendemain que il n y a plus que de l'eau, tes pieds aussi ont passés le col.
La journée du 13 commence plutôt calmement (en dehors des douleurs), les examens s enchaînent mais, la encore, les soignants sont plutôt positifs... jusqu' en fin d après midi.
Les résultats tombent et quoi que j en dise, on ne me laissera pas le choix... Une chorioamionite s est déclarée et les résultats infectieux démontrent un risque important de septicémie pour moi... la provocation de l accouchement débute immédiatement.
L horreur commence alors, je sais que toi tu vas bien, je te sens bouger (même avec la péridurale) et c est l enfer.
Je pensais te donner la vie...mais je vais donner la mort car il est certain qu à 20 semaine et 2 jours, tu ne pourras pas t en sortir malgré toute ta force et ton énergie.
Pendant les heures qui suivent (parce que tu t accroches autant que tu le peux), je prierais pour que tu t endormes, pour que tu ne ressentes rien.
On nous pose des questions et nous parle de choses inimaginables...veux t on te voir à ta naissance?... l organisation des obsèques... le choix d un habit... l autopsie, les dons...
Finalement, je peux te prendre dans mes bras. Ton prénom, choisi quelques jours avant, t es donné. Que tu es belle mon Elysabeth. Tu as mon nez et la bouche de ton papa. Toute entière et si petite à la fois...
Puis les soignants t emportent, nous te reverrons à la chapelle puis quelques jours plus tard nous irons chercher tes cendres. C est ce qui nous reste de toi désormais, avec quelques images d échographie et un ou deux objets achetés en t attendant.
Il faudra faire face maintenant. La vie va devoir reprendre son court, sans toi dans nos bras ou dans mon ventre qui est dormait si vide. Tu ne sera que dans nos cœurs et nos esprits....Il va falloir se réveiller demain, subir, malgré toute leur bienveillance, les mots et paroles de nos proches qui sont souvent dépassés, qui ne savent pas quoi dire... après tout je les comprends, je ne sais pas ce que j ai envie d entendre. Il va falloir expliquer à mes enfants de cœur (les enfants de papa) qui avaient si hâte de te rencontrer...
Puis le temps passe, la douleur s atténue à peine... je n ai pas su te protéger.
J ai "pris l option" de t imaginer en petit ange gardien de notre famille. Tout ce que j espère, c est que tu sois bien où tu es.
Avec les habits choisis à ta naissance, il y avait deux petites peluches cousues dans le même tissus. L une d elle reste sous mon oreiller et je la prend le soir quelques minutes pour t adresser quelques mots. Ce rituel, j avais imaginé le faire jusqu à aujourd'hui. Je me disais que je me laissais cette année mais j avoue ne pas encore être prête... cela viendra peut être un jour.
Aujourd'hui, une petite âme est à nouveau en moi. Enceinte de 28 semaines, je subis un parcours compliqué. En effet, si lors de la première grossesse certains éléments n avaient pu être clairement identifié, il est certain que j ai un problème avec mon col. Apres un premier cerclage qui a lâché à 14 semaines, les contrôles réguliers démontrent une nouvelle diminution du col à 22 semaines.
Cette nouvelle nous fait l effet d une bombe...les choses ne peuvent elles donc pas de passer...normalement?
Apres 10 jours en lit strict, un second cerclage est fait inextremis (début d ouverture du col constaté en salle d op). Tout semble bien se passer et après 35 jours d hospitalisation je suis autorisée à me mobiliser partiellement mais finalement le second cerclage lâche également. Retour en lit strict à l hôpital depuis 3 jours avec une poche bombante...
Heureusement, il n y a pas d infection actuellement, mais le verdict semble clair, il y a peu de chance que nous échappions à une naissance prématurée. Chaque jour est ainsi un jour gagné, un petit pourcentage de plus que notre Eléanor naisse en bonne santé...et le reste.
Bien entendu les circonstances et les conséquences de mes deux grossesses ne sont pas les mêmes. Aujourd'hui la configuration est tout autre, bien que la prématurité ne sera pas un chemin facile
Reste qu en tout les cas, même si c est pour d excellentes raisons, je n ai jamais pensé que je passerais les un an de notre Elysabeth dans la chambre d hôpital qui m a hébergé l an dernier...
J ai pris l option d écrire ce témoignage aujourd'hui parce que j avais besoin de raconter notre histoire, de laisser cette emprunte quelque part, de rendre hommage à ce petit ange au moins par l écrit, n ayant pas trop d autres options depuis ce lit...
Merci à vous de m avoir lu et pardonnez mes fautes de français, cela n a jamais été mon fort.