"Ca va venir t'inquiètes"

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Naberrie
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"Ca va venir t'inquiètes"

Petite humeur du jour.
Les problèmes de fertilité, c'est un sujet délicat, difficile à aborder. Au début on est en mode « no stress », genre « on verra bien ce qui se passe » et puis, le gynécologue prononce des phrases qui au début ne parlent pas beaucoup à nos oreilles novices :
- « syndrome des ovaires polykystiques »,
- « ah oui mais vous n'avez qu'un seul ovaire...ah... ça va poser problème en plus du SOPK »,
- « ah vous êtes sous traitement anticoagulant jusqu'à la fin de vos jours ? Bon, si il y a grossesse ça va être éprouvant pour vous, risqué pour vous et pour le bébé »
(pour le bébé car risque de malformation à cause du Préviscan, pour moi car pour la grossesse ça sera piqûres tous les jours jusqu'à l'accouchement qui sera : programmé et sans péridurale)
- « On part sur un an d'essai pour dire que... mais il va falloir passer par la PMA »

Ces phrases prennent un sens au fur et à mesure des examens, au fil des lectures et elles sonnent soudain comme des sentences.
La légèreté du début laisse peu à peu place à des réflexions telles que « et si nous n'y arrivons pas ? Et si on ne pouvait définitivement pas avoir d'enfant ? ».
Vous l'aurez compris, c'est déjà pas facile au quotidien, mais il faut aussi faire avec l'extérieur, les questions, les maladresses des gens (qui ne sont pas forcément au courant de nos projets), je sais faire la part des choses mais des fois c'est blessant.
Il faut composer avec le bonheur des autres, je me réjouis pour eux même si à chaque annonce de grossesse chez les amis/la famille/les enfants d'amis de mes parents/etc... c'est un coup de couteau dans le ventre, une injustice.
Il faut aussi savoir écouter les conseils des gens qui nous aiment, même si les phrases du style « ça va venir t'inquiètes », « il ne faut pas y penser » ont le don de nous agacer. Certes il ne faut pas que ça vire à l'obsession mais, mais, mais, il y a une différence entre vouloir et pouvoir, dans mon cas c'est pouvoir. Je ne sais pas si je peux, à priori cela va être compliqué naturellement.

Je disais il y a peu à ma sœur, que je mets au défi toute femme qui décide de faire un bébé de « ne pas y penser », c'est tout bonnement impossible. Et puis il y a des personnes dont j'accepte volontiers ce genre de phrases comme ma sœur ou mon amie Alice, et d'autres personnes où cette phrase « il faut que tu arrêtes d'y penser » raisonne comme « si tu ne tombes pas enceinte c'est parce que tu y penses trop, c'est de TA faute ».
Dans ces cas là, je souris et j'encaisse, même si j'ai envie de répondre que non, bordel de ...., que j'y pense ou pas j'ai des soucis de fertilité et ça change rien !

Voilà un petit florilège de ce que j'ai entendu/j'entends régulièrement, les petites phrases qui remuent maladroitement le couteau dans la plaie :

-- « Il faut faire des câlins plus souvent »... Ah ah ah... Sans déconner, c'est comme ça qu'on fait ? Merci pour le tuyau. Puis, t'es sympa mais je programme pas ces moments là.

-- « C'est parce que tu y penses trop » Évidemment que j'y penses, arrêtes de me culpabiliser, ce n'est pas parce que j'y pense que cela ne marche pas.

-- « Oh ça fait pas dix ans non plus que tu essaies ». Non effectivement, donc je n'ai pas le droit de souffrir ? De me plaindre ? D'en parler ?

-- « Je te comprends ». Non, non et non. Tu ne peux pas, tu peux imaginer, oui, mais pas comprendre à moins d'être passée par là.
Le pire c'est la variante : « ah je te comprends nous ça a pris 3-4-6 mois ! » ...., ne pas comparer, il n'y a pas de compétition de la souffrance hein mais, comparons ce qui est comparable. Trois ou quatre cycles d'essais infructueux ok, mais quand le pharmacien après le « bonjour mademoiselle » te dit « ben alors toujours pas ? Il vous faut encore un ClearBlue / des vitamines pré-grossesse / le traitement pour le SOPK ? » et en vient presque à vous tutoyer, c'est pas pareil.
Le « je te comprends » c'est facile, on le dit quand on ne sait pas quoi dire. Je préfère un câlin et/ou un « je suis là pour toi/vous » .

-- « C'est pour quand le bébé ? » La réponse claque-beignet : quand Dame Nature le voudra. Mais le plus souvent je ne dis rien, j'ai un sourire triste et je lève les épaules : on verra.

-- Au moins vous pouvez profiter de la vie à deux »/ « Vous savez pas la chance que vous avez » et autres phrases du genre « nuits complètes, appartement propre, grasses mat' etc... ». Merci mais si on a décidé d'avoir un bébé on sait dans quoi on s'embarque et vos problèmes on donnerait tout l'or du monde pour les avoir, oui même les changements de couches remplies et odorantes style attaque sournoise au napalm à 3h du mat'.

-- « Ma copine a jeté l'éponge au bout de X temps d'essais infructueux, elle est partie en vacances et poum, enceinte ! » Ben moi je suis partie en vacances trois fois depuis qu'on a commencé les essais et pas de « poum enceinte » alors, la ferme avec ce genre de légendes urbaines.

-- « Bah au pire il y a l'adoption, il y a beaucoup d'orphelins dans ce monde», Donc c'est sur nos épaules que repose le fait de sauver ces enfants. Si c'est si important de leur venir en aide, les couples fertiles peuvent aussi adopter alors faites le si ça vous chante. Effectivement c'est une option envisageable, mais dans une bonne dizaine d'années, quand on aura tout essayé sans succès et pas avant. En attendant, je ne veux pas en entendre parler.

-- « Olala tu prends tout ça comme médicaments, tu fais toutes ces prises de sang, je ne sais pas comment tu fais...etc ». Merci pour les encouragements.

-- « Tu es encore jeune ». Merci, j'avais pas remarqué, mais ta réflexion est valable pour une recherche d'emploi, pas pour la fertilité.

Il y en a bien d'autres mais l'esprit est là, ce qui est dur c'est l'incertitude, si on me disait « il faut attendre trois ans » je pourrais me dire bon faut juste que nous soyons patients car ça viendra à coup sûr un jour mais, les problèmes de fertilité c'est pas ça, on ne sait pas si on peut concevoir, si on pourra un jour.

Il faut faire face aux échecs à répétition, chaque mois en est un constat, un retard de règles est un faux espoir nourri du moindre symptôme de grossesse.

Ma démarche peut surprendre, pourquoi en parler, pourquoi ici, pour qui.
Certaines personnes ont besoin d'en parler, j'ai eu ce besoin ce matin et tant pis si vous me jugez et ne comprenez pas ma démarche.
Les larmes viennent facilement quand je suis seule à la maison et que je cogite dessus, j'en viens à pleurer devant les pubs qui montrent des bébés, oui c'est un sujet sur lequel je suis vulnérable et dont je ne parle de vive voix et à moitié libérée qu'à Floriane ou Alice. Je fais en sorte de ne pas trop les importuner avec ça car à chaque personne sa vie, ses coups durs et doit déjà les gérer avant de s'occuper des autres.
En règle générale en parler ça fait mal, on se sent faible, on déteste ce corps qui refuse de porter la vie, on se cache, on prétexte tout et n'importe quoi pour rester seule et agir comme si tout allait bien.
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Boopsy
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Re: "Ca va venir t'inquiètes"

J'avoue, cela fait plusieurs mois que je lis, je lis, je farfouille et regarde et regarde encore les forums... mais qui peut comprendre ce qui se passe dans ma tête? Qui peut traduire ces sentiments de mal être/ gêne/ honte/envie/jalousie/ injustice / solitude que j éprouve? De manière ponctuelle, l un après l autre, ou tous en même temps, de façon confuse.
Et là, ce que tu as écrit, cela me parle!
Pour moi, pas de diagnostic posé. Un refus pendant plusieurs mois de mon médecin traitant de me faire des examens. J ai pris un rv chez un gynéco à l hôpital 3 mois d attente. Résultat: spermogramme et bilan hormonal pour moi + prise de température pendant 3 mois, avec petite explication sur la fenêtre de fertilité et l anecdote de la femme du routier qui ne tombe pas enceinte. Genre je ne le savais pas, au bout de 20 cycles d essais...
Prise de température tous les matins "la première chose que vous devez faire en vous réveillant " ... et on me demande de pas y penser... " ça devient une obsession chez toi faut plus que tu y penses"
Alors ça oui, des conseils, on en a! Mais de la compassion, de l écoute...de la bienveillance... denrée rare!
Et les épreuves dans le couple, les souffrances...
Effectivement, si on ne connaît pas cela, on ne sait pas.
Rv pris en parallèle avec un gynéco spécialisé en infertilité le 1 er mars.

Je partage ton humeur du jour :applose:

Et y croire, encore et encore, et croire en soi et en ce qu on ressent, voilà ce qui fait le plus de bien.
Toute souffrance est entendable. :sage:



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Naberrie
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Re: "Ca va venir t'inquiètes"

Exactement Boopsy.
Disons que l'autre jour après une phrase d'une amie qui soit, ne pensait pas à mal mais.. J'ai pris mon clavier et j'ai balancé à l'écrit tout ce que je pensais.
Il n'y a pas vraiment de mots comme tu dis, tout se mélange dans les sentiments.
Ce soir je passe un peu de temps en famille avec ma sœur, son mari et ses deux enfants, eh bien ma nièce que j'aime de tout mon coeur, de voir ma sœur si complice,la couvrir de bisous, de câlins etc... Ça m'attriste et je préfère presque changer de pièce pour ne pas souffrir.

Que le diagnostic soit posé ou pas c'est la même chose, l'incertitude totale. Pour toi comme pour toutes celles pour qui les essais semblent durer une éternité.
Le temps ne peut que paraître long. Ce forum est la pour nous.
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Cindydb95
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Re: "Ca va venir t'inquiètes"

Je ne vais pas vous répondre que je comprends ce que vous ressentez car je n'ai pas eu à passer par là mais pour moi c'était autre chose.
J'ai toujours voulu avoir un enfant le plus jeune possible car je voulais être une maman jeune et proche de son enfant.
Mais il m'a fallu attendre d'avoir une personne avec laquelle je puisse construire ma vie, attendre une situation professionnelle stable et une maison.
J'ai eu mon bébé à 25 ans (étant de septembre, en janvier j'avais encore 25 ans :wink: ).
Mais cette attente fut terrible et angoissante. Et le pire à supporter était toutes les réflexions des gens qui ne comprenais pas :
"Mais tu es encore jeune"
"Tu as la vie devant toi pour le faire"
"Tu as bien le temps d'y penser"
"Profites de ta vie avant"
"Tu as de la chance, profitez en couple"
"Arrête d'y penser"

Dans tout ça, le plus frustrant était le "tu es encore jeune, tu as la vie devant toi". Non, car quand on veux un enfant jeune, 25 ans ça commence à faire loin.
Je sais que je ne suis pas comprise quand je dis ça mais c'était une véritable souffrance de voir les années défiler et toujours pas de petit.
Moi c'est pas un problème de fertilité mais une attente de lancer les essais.

Alors je ne peux que vous dire courage, et pleins de :trefle: :trefle: :trefle: :trefle: :croisedoigts: :croisedoigts: :croisedoigts: :croisedoigts:

J'espère que vous y arriverez.
Moi 27 ans
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